Le monde a beau être hyperconnecté, les gestionnaires ressentent quelquefois de la solitude. Aujourd’hui, je veux revenir sur ce sujet qui me tient à cœur. Plusieurs de mes amies se sont trouvées seules dans des moments critiques. C’est pour elles et pour tous les gestionnaires que je partage ces astuces.
La solitude est une émotion, chacun la perçoit différemment. Je vais dans un premier temps, vous aider à déterminer dans quelles circonstances vous n’êtes pas entourés comme vous en auriez besoin, au-delà des émotions que vous pourriez ressentir. Puis, je vous proposerai des solutions pour créer ces liens.
Comprendre le problème de la solitude
Gérer consiste à prendre des décisions, guider, orienter, soutenir, développer les individus. C’est un travail d’équipe. Dans la majorité des situations, vous êtes entourés de votre équipe.
Votre rôle de guide se fait en groupe : vous communiquez, expliquez, déployez les attentes de l’organisation dans votre propre équipe.
Quand une personne a besoin d’un coup de pouce, car elle manque de compétences techniques, de temps ou rencontre un défi, vous l’épaulez, par du coaching ou des actions concrètes.
Dans certaines situations, la solitude se fait sentir. Par exemple, quand l’organisation doit prendre des décisions difficiles, qu’il y a eu un incident significatif avec un client, un partenaire, un fournisseur ou un collègue. Vous ne pouvez pas toujours réfléchir et échanger avec la personne en question, vous avez besoin de parler à quelqu’un d’autre. Vous doutez aussi quelquefois de vos décisions ou des orientations que vous prenez.
Si vous repassez les derniers mois en revue, dans quelles situations un deuxième avis aurait été bénéfique ? Dans quelles situations avez-vous repensé (avant ou après) plusieurs fois à une de vos actions ou décisions ? En identifiant le type de situation qui vous pose un problème, vous pourrez plus facilement demander de l’aide quand elle se reproduira.
Un réseau de soutien naturel, pas toujours utilisé
Dans les grandes structures, vous êtes entourés par d’autres gestionnaires ou votre propre gestionnaire. Il est plus facile d’avoir un deuxième avis.
Toutefois, la situation peut aussi être délicate et pour différentes raisons vous ne souhaitez pas en discuter avec votre réseau de soutien habituel. Vous pouvez ressentir de la solitude, même en étant entouré. Dans ce cas, je vous invite à prendre un moment et réfléchir à ce qui vous préoccupe. Les peurs que vous avez sont-elles fondées ? Que pouvez-vous faire pour y remédier ? L’outil « et si » peut vous aider à y voir plus clair et décider d’aborder ce sujet, difficile ou risqué avec vos collègues gestionnaires ou votre supérieur hiérarchique.
Mais vous n’avez pas toujours un réseau de soutien naturel. Si vous êtes dans une petite structure, ou même une filiale, ce réseau de collègues gestionnaires n’est pas forcément accessible.
Comment s’entourer quand le besoin s’en fait sentir?
Partenaire de vie
Tout le monde ne souhaite pas parler boulot à la maison, mais votre douce moitié vous connait mieux que quiconque. Elle ou il connait vos angles morts et vos faiblesses et pourra vous soutenir dans votre réflexion ou vous rassurer au besoin.
Toutefois, cette personne a des limites, car vous ne voulez pas polluer votre relation amoureuse avec des tensions professionnelles. De plus, la compétence de cette personne peut être insuffisante pour des décisions stratégiques ou quand vient le temps d’enclencher des procédures disciplinaires.
Collègue plus « allumé » que les autres
Quand il s’agit de stratégie ou de décisions touchant à l’organisation du travail, les projets, la mission de l’organisation, vous pouvez peut-être compter sur une personne de votre équipe. Celle qui a un parcours différent des autres, qui a une vision plus stratégique, qui a peut-être déjà un rôle (officiel ou non) de conseillère stratégique. Elle vous aide à tâter le terrain, tester des idées, vous renvoie la réalité que vous avez peut-être oubliée ou sublimée.
Après tout, votre succès de gestionnaire repose sur votre capacité de vous entourer des bonnes personnes. Cet appui, ponctuel ou continu, est aussi un moyen de développer cette personne vers des rôles de gestion ou de conseil stratégique.
Attention toutefois au niveau d’information que vous partagez. Au-delà de la confiance que vous avez en elle, vous ne voulez pas l’isoler du reste de ses collègues. Si elle en sait trop, ou détient des informations sensibles, elle pourrait se sentir mal vis-à-vis de ses collègues. C’est pourquoi je vous conseille de garder ce bras droit pour les dossiers concernant l’organisation plutôt que des individus.
Une personne externe à l’organisation
Vous pouvez faire appel de façon ponctuelle à un expert, votre mentor ou un coach.
L’avantage de l’expertise externe est double. D’une part, vous avez accès à une expertise pointue dans le domaine particulier dans lequel vous avez besoin d’aide (RH, stratégie, technique), d’autre part cette personne externe n’a pas de préjugés ni de liens ou de conflits d’intérêts avec la situation. Elle va juger des faits et vous donner un avis neutre et professionnel sur la question.
Votre mentor est une personne de confiance, avec qui vous entretenez une relation sur le long terme. Souvent plus âgé(e) que vous, mais pas toujours, votre mentor connait votre façon de penser et vos points faibles. Cette personne peut vous partager les situations similaires qu’elle a vécues et comment elle y a fait face.
Enfin le coaching se situe entre les deux dans la durée. Cette approche vise à travailler sur vos faiblesses et vos questionnements. Que ce soit en lien avec votre carrière ou vos relations professionnelles, la relation dure quelques semaines à quelques mois. Vous en ressortez grandi, avec des outils, des techniques ou un plan pour résoudre vos problèmes dans le futur.
Groupe de gestionnaires
Enfin, la dernière option est de participer à un groupe de co-développement entre gestionnaires. Vous n’êtes pas seul(e) à ressentir de la solitude. Il existe des groupes de gestionnaires dans plusieurs régions et sur plusieurs thèmes ou formules. De plus, certains sont maintenant aussi en virtuel. Les rencontres sont en général organisées une fois par mois. Vous échangez sur vos problématiques selon différents formats. Chaque structure a sa propre façon de fonctionner. Certains ont des thèmes préétablis, d’autres fonctionnent selon les besoins de chacun. À vous de voir ce qui vous convient, et pourquoi pas, de créer votre groupe de soutien sur mesure !
Le rôle de gestionnaire est difficile. Vous devez vous entourer d’un réseau de soutien. Vous en retirerez beaucoup. Soit directement, en obtenant un deuxième avis sur une situation, soit indirectement, en aidant les autres. Leurs problèmes pourraient ressembler aux vôtres dans quelque temps.