Vous êtes-vous déjà demandé comment vous êtes arrivé à votre lieu de travail aujourd’hui, sans même vous rappeler d’arrêter aux feux de circulation? C’est la magie de notre cerveau, et des routines profondément ancrées dans les ganglions de la base. Ces automatismes sont également connus sous le nom de mémoire musculaire.
Notre cerveau a deux modes de fonctionnement. Le mois dernier, j’ai partagé le fonctionnement du cortex préfrontal, et comment en tirer le meilleur. Cet article traite de la mémoire des muscles, et de l’automatisation les processus intellectuels. Vous pourrez ainsi mieux utiliser les outils et les méthodologies que vous connaissez, en toutes circonstances.
Mi ni tsukeru: apprendre en faisant
Cette expression japonaise signifie littéralement attacher quelque chose à nos muscles. Pour l’imaginer, vous pouvez vous référer à la formation de Karaté Kid, lorsque le sensei demande a son apprenti d’appliquer et retirer de la cire toute la journée. Wax-on, wax-off. Ce n’est que plus tard que l’apprenti comprend la valeur de cette tâche. Il a intégré le bon mouvement dans ses « muscles ».
Lorsque nous répétons continuellement un mouvement, nous réduisons les efforts et l’attention requis pour l’exécuter. Au début, lorsque nous apprenons à marcher, à faire du vélo ou à skier, nous devons nous concentrer sur beaucoup de choses à la fois. Plus tard, quand nous gagnons en confiance et que la mémoire des muscles se développe, nous pouvons relever des défis plus difficiles. Nous essayons de sauter ou de franchir des obstacles.
Utiliser la mémoire des muscles pour automatiser sa pensée
Il en va de même pour les tâches intellectuelles. Par exemple, l’apprentissage d’une langue exige beaucoup d’efforts. Mais, quand vous apprenez en parlant et en écoutant la nouvelle langue, elle intègre progressivement la mémoire des muscles. Vous pouvez alors concentrer votre attention sur des choses plus complexes que de trouver le bon mot ou la structure grammaticale pour la phrase. Vous pouvez faire attention à ce que la personne vous montre, son non verbal, …
Cela s’applique à tout processus de réflexion. Prenons les 5 Pourquoi ou le QQOQCP. Lorsque vous utilisez les outils tous les jours, cela devient une habitude. Vous les utilisez sans même le remarquer. Vous tournez alors votre attention vers autre chose que « combien de pourquoi ai-je demandé » ou « quel est le prochain interrogatif dans ma série ».
Comme Karaté Kid, vous devez intégrer la bonne utilisation des outils. Il est donc essentiel que vous compreniez non seulement le processus ou les étapes mais aussi le pourquoi. Quand est-il préférable d’utiliser? Pourquoi celui-ci plutôt un autre? Quel est le but de cet outil?
Une fois que les outils sont maîtrisés, ils deviennent une seconde nature. Vous commencez à vous amuser et amener vos outils à un autre niveau. C’est également utile pour faire face à l’imprévu.
Comprendre les outils et les méthodologies pour être libre
On me demande souvent à quel point une méthodologie est « stricte » ou à quel point nous devrions être « rigoureux » dans notre utilisation d’un outil. Ma réponse est toujours « cela dépend ».
Réfléchissez à la façon dont vous avez appris à skier ou à nager. Dans les premières leçons, était-il important de suivre les instructions? Que se serait-il passé si vous ayez pris des initiatives et n’aviez pas respecté les règles? Peut-être que vous auriez pu vous noyer ou tomber du télésiège, ou tout simplement boire la tasse ou goûter un peu de neige.
Alors, dans quelle mesure suivre les « règles » d’un outil ou d’une méthodologie ? Tout dépend de :
- Votre propre connaissance de l’outil ou de la méthodologie
- La connaissance de l’outil ou de la méthodologie par les autres parties prenantes
- Les risques associés à l’échec, qui se rapportent à la fois au contexte et au projet
Entraîner et rafraîchir la mémoire des muscles pour être en sécurité
Pour illustrer cela, pensons à ce qui suit: vous êtes le sommet d’une montagne enneigée, avec quelques personnes, devriez-vous descendre freestyle et essayer quelques sauts ou tout simplement avec des virages en chasse-neige?
Cela dépend de :
- Combien de temps vous avez pratiqué le ski dans votre vie et dans la saison,
- Qui est avec vous et leur niveau de pratique,
- Quelle est la météo et la qualité de la neige,
- Combien d’autres skieurs sont sur la pente.
Pour la première descente de la saison, après une pause de 5 ans, dans une station de ski bondée, avec un peu de brouillard et vos enfants derrière, vous pourriez y aller avec des virages en chasse-neige. Pour votre dernière descente avec des amis, un jour de semaine ensoleillé, c’est le bon moment pour du freestyle.
Donc, il m’arrive de suivre le 5S ou la méthodologie PDCA à la lettre. Cela se produira lorsque je travaille dans un environnement que je connais peu ou avec des gens qui n’ont jamais été exposés à ces techniques. Ou encore, si je travaille pour un secteur où l’acceptation du risque est très faible, comme la pharmacie ou l’aérospatiale.
Parfois, je combine des outils différents comme je le sens. Quand je connais l’organisation avec laquelle je travaille, qu’il y a déjà une base de techniques lean ou Agile, qu’il y a un plus grand appétit pour le risque. Ou enfin quand j’ai beaucoup de confiance dans l’outil que j’utilise, car je l’ai beaucoup utilisé.
Entraînez votre cerveau, en faisant et en répétant l’utilisation d’outils ou de méthodologies, d’abord par à la lettre, puis en ajoutant votre marque ou en les combinant. Gardez la mémoire des muscles active avec des rappels, pour garder tous vos outils à proximité.