L’intelligence artificielle (IA) est sur toutes les lèvres, dans les conférences, les articles et même les discussions autour de la machine à café. Ce mot tendance attire, intrigue, parfois inquiète et surtout fini par nous fatiguer. Qu’en est-il réellement ? Les avancées en IA signifient-elles que nous allons perdre notre emploi ? Je prends le temps d’analyser cette question et d’y répondre de manière pragmatique.
Le phénomène « IA » : un sujet qui fait vendre
La simple mention de l’intelligence artificielle a aujourd’hui le pouvoir de capter l’attention. Selon certaines études, les articles comportant « IA » dans leur titre enregistrent une augmentation significative du nombre de clics, parfois jusqu’à 30 %. Les conférences sur ce sujet affichent des taux de participation record, rassemblant des professionnels de tous horizons. Moi-même, je suis tentée d’assister à ces événements ou de lire ces articles. Mon constat : c’est souvent décevant.

Mais alors, pourquoi un tel engouement ? Au-delà des théories du complot, les algorithmes qui poussent le contenu sur les réseaux sociaux ou les sites de nouvelles priorisent ce qui nous fait rester le plus longtemps. Au-delà de la curiosité ou des questions, il y a le besoin de se former et comprendre cette technologie.
Le mot est aujourd’hui utilisé dès que des algorithmes manipulent de gros volumes de données. J’explique l’histoire et les différentes technologies dans cet autre article.
L’IA n’est pas la solution miracle à tous vos problèmes
Quoi qu’en disent ses promoteurs, elle n’est qu’un outil parmi tant d’autres. Imagineriez-vous utiliser un tournevis pour enfoncer un clou ? C’est techniquement possible, mais loin d’être optimal. L’IA, comme toute technologie, a ses forces et ses limites, et son efficacité dépend du contexte.
C’est pourquoi, avant d’acheter une solution estampillée « IA », vous devez appliquer une démarche méthodique :
- Définissez le problème à résoudre
- Quelle est la cause racine ?
- Quelles sont vos contraintes ?
- Qu’est ce qui aura changé après la mise en place de la solution ?
- Quels sont vos objectifs ?
- Choisissez l’approche et la technologie appropriées
- Pilote, preuve de concept, déploiement massif.
- Organisation du travail, optimisation des processus, formation des équipes.
- Automatisation, modélisation, robots, agents IA.
En prenant le temps d’évaluer vos besoins et les solutions, vous évitez d’acheter des applications inutiles ou inefficaces, et vous ajoutez une véritable valeur à votre processus. Dans mon prochain article, je vous parlerais de l’automatisation du gaspillage.
Et mon emploi dans tout ça ?

La peur de perdre son emploi à cause de l’IA est compréhensible, mais mérite d’être nuancée. L’histoire montre que chaque révolution technologique a transformé les métiers. Prenons l’exemple des robots industriels : ils ont diminué les tâches manuelles pénibles comme le pelletage ou la traite des vaches, mais ils ont aussi créé de nouveaux rôles, comme le pilotage des machines et la gestion des exceptions.
Des métiers autrefois physiques nécessitent désormais une expertise technique et une capacité à intervenir dans des situations complexes. Par exemple, un éleveur intervient manuellement lorsque la traite automatisée est impossible, comme dans le cas d’une vache blessée. Le conducteur d’engin se fait aider par une personne au plus proche dans les situations délicates.
En réalité, l’IA et les technologies associées tendent à renforcer nos capacités plutôt qu’à les remplacer. Elles prennent en charge les tâches répétitives ou pénibles, libérant ainsi du temps pour des activités à plus forte valeur ajoutée.
Très concrètement, aujourd’hui vous devez comprendre cette technologie et vous positionner comme une experte capable d’interagir avec l’IA, renforçant ainsi votre pertinence sur le marché du travail. Testez des solutions d’IA générative, intéressez-vous aux modèles et résultats de l’IA analytique et voyez ce que vous faites qu’elle ne pourra pas faire aussi bien que vous.
L’IA n’est pas une fin en soi, mais un outil. Utilisée avec discernement, elle peut être un levier puissant pour repenser le travail, en faisant évoluer les métiers au lieu de les supprimer.
Rêvons un peu : une IA au service de l’humanité et de notre bien-être…
En 1930, l’économiste britannique John Maynard Keynes, dans son essai intitulé Perspectives économiques pour nos petits-enfants, (il parlait de moi) avait prédit que les progrès technologiques réduiraient considérablement le temps de travail. Il imaginait un futur où les individus ne travailleraient que 15 heures par semaine, grâce à l’augmentation de la productivité et à l’automatisation.
En 2025, nous savons bien que sa vision optimiste ne s’est pas réalisée comme prévu, en grande partie à cause de la manière dont les gains ont été répartis. Nous devrions aspirer à un futur ou nous travaillerions tous moins, grâce à une répartition plus équitable des richesses. Mais, c’est une autre histoire.
© Dessin du robot : Richard Drawings 2023