La paresse sociale est une tendance que les humains manifestent lorsqu’il sont en groupe. À partir d’un certain nombre, nous comptons sur les efforts des autres pour accomplir la tâche, sans faire remarquer notre détachement ou même être conscients de notre nonchalance.
Dernièrement, j’ai regardé un documentaire sur une potentielle mission habitée vers Mars. De tous les défis, le plus délicat nous concerne : comment les astronautes s’entendront-ils, isolés pendant si longtemps dans un environnement confiné ? Ni vous ni moi n’irons bientôt sur Mars, mais d’après mon expérience, les défis les plus difficiles au travail sont les relations sociales et la coopération.
Alors pourquoi la station spatiale internationale est-elle limitée à 6 astronautes ? Une réponse évidente est en raison de sa taille, mais croyez-moi, les ingénieurs auraient pu la concevoir afin qu’elle puisse accueillir plus d’astronautes. La vraie raison est la paresse sociale, une tendance que nous ne pouvons pas combattre et qui a été découverte en 1913 par Maximilien Ringelmann.
Qu’est-ce que la paresse sociale?
Dans son expérience, Ringelmann a demandé à un individu de participer à un tir à la corde. Il a mesuré les efforts déployés par cette personne pour tirer la corde, selon le nombre d’autres personnes qui « tiraient » avec lui. Il a découvert que plus il y avait de monde derrière la corde, moins le sujet tirait fort.
Plus le groupe est grand et plus nous nous reposons sur les autres, en partageant les efforts.
Avez-vous déjà observé de la paresse sociale ?
Vous ne l’avez probablement pas remarqué. La paresse sociale est sournoise et consiste à ne pas être remarqué quand je réduis mes efforts. Le tir à la corde en est un très bon exemple, personne ne sait vraiment à quel point chacun de nous contribue.
Si vous demandez à un grand groupe d’aller à un endroit et de ramasser les ordures, vous n’observerez pas la paresse sociale. Chaque individu a son propre sac poubelle, personne ne peut faire moins d’efforts sans être remarqué.
Pensez plutôt à une situation, dans un groupe, où les efforts ne sont pas perceptibles. Par exemple, dans un restaurant, si toute l’équipe est polyvalente, chacun fera moins d’efforts, sera un peu moins proactif avec les clients. À l’inverse, en spécialisant chacun sur une tâche en particulier (prendre les commandes, servir les plats, débarrasser les tables), il devient impossible de ne pas être efficace, car personne ne peut se reposer sur personne.
Quelle est la meilleure taille de groupe?
Depuis l’expérience Ringelmann, beaucoup d’autres ont essayé de comprendre ce qui se passe. En 1993, Karau et Williams ont fait une méta-analyse. Ils ont confirmé l’existence de la paresse sociale et ont identifié trois facteurs :
- Les femmes et les cultures orientales sont moins paresseuses socialement.
- La paresse sociale augmente lorsque certains membres de l’équipe sont censés être très bons.
- La paresse sociale diminue ou disparaît lorsque vous travaillez avec des amis ou un groupe très apprécié.
Concrètement, nous ne pouvons pas être amis avec tout le monde, surtout dans un environnement professionnel. Pour être en mesure de créer des relations significatives, nous devrions être 7 personnes plus ou moins deux. C’est notre limite cérébrale dans le traitement de l’information (étude en anglais).
Voici quelques questions pour détecter puis agir sur la paresse sociale dans votre environnement. Quelle est la taille actuelle de votre groupe? Combien de personnes forment votre équipe, votre projet ?
Comment pouvez-vous réduire artificiellement le nombre, de sorte de n’être que 5 à 9? Pouvez-vous créer des sous-équipes, pouvez-vous décomposer le travail en petits morceaux, de sorte que moins de gens soient nécessaires pour réussir? Comment pouvez-vous accroître la diversité au sein de votre équipe? Comment pouvez-vous aider les gens à se sentir plus à l’aise les uns avec les autres?