Six Sigma: pourquoi (et comment) utiliser cette méthodologie

Dans une démarche d’excellence opérationnelle, on commence souvent par cueillir les fruits à portée de main. Ensuite, pour poursuivre les améliorations, il faut utiliser des méthodologies et outils. Six Sigma en est une, qui a fait ses preuves. Je vous présente aujourd’hui la méthode, pas à pas, et vous indique dans quels cas elle est le plus efficace.

Principe des Six Sigma

Formalisée par Bill Smith chez Motorola à la fin des années 80, la méthodologie Six Sigma combine plusieurs outils qualité.

Cette méthodologie vise à améliorer les processus de deux façons :

  • réduire la variabilité
  • augmenter la justesse.

Si je l’utilise au tir à l’arc, la méthodologie va aider le tireur à envoyer toutes ses flèches au même endroit (variabilité) et au centre de la cible (justesse).

Son nom correspond à l’écart-type cible : +/-6σ. Le processus va donner un résultat dont la dispersion sera à l’intérieur d’un intervalle de six fois l’écart-type de la cible.

Elle utilise différents outils statistiques pour atteindre et maintenir les améliorations : AMDEC, FIPOC, analyse de variance, plan d’expérience, contrôle de processus statistique, pour n’en citer que quelques-uns.

Quand la méthodologie Six Sigma fait des merveilles

Le principal avantage de cette méthodologie tient à sa rigueur. En utilisant les mathématiques et la statistique, elle est parfaite dans des environnements critiques. Je pense aux secteurs de l’aéronautique, de l’agroalimentaire, de la pharmacie, mais aussi de la santé.

Si vous travaillez dans un environnement avec des personnes qui accordent une grande attention à la rigueur, tels que des comptables ou des scientifiques, elle vous aidera à travailler avec eux.

Enfin, si vous produisez des biens ou des services standards, la méthodologie Six Sigma peut vous aider. Par standard, je pense à une dimension spatiale ou temporelle identique. Par exemple, la longueur d’une pièce, ou son diamètre, un temps de conversation ou un délai de traitement.

Appliquer le DMAIC pas à pas

DMAquoi ? Prononcé « D. M. A. hic », cet acronyme (anglophone) décrit les étapes de la méthodologie Six Sigma :

  • Définir
  • Mesurer
  • Analyser
  • Innover (ou Améliorer)
  • Contrôler

Comme toute méthodologie, elle suit les quatre étapes de la roue de Deming (Plan Do Check Act), en mettant l’accent sur la deuxième partie : Do. Elle aide à être rigoureux dans la réalisation du plan.

Définir

Dans la phase 1, l’équipe va s’organiser et identifier le problème à résoudre. Pour cela, elle va utiliser les outils classiques de la gestion de projet et d’identification des problèmes : remue-méninges, analyse des causes racines

Mesurer

Vient ensuite le temps de la mesure, c’est la phase 2. C’est l’étape critique pour réussir le projet. Elle consiste à rassembler des informations, de préférence chiffrées, sur le processus et ce qui peut l’impacter. La collecte d’information doit être exhaustive et juste. Sans quoi, l’étape suivante, analyser, donnera de mauvais résultats. En anglais, on parle de garbage in, garbage out, ce qui signifie que le résultat ne pourra pas être meilleur que la donnée d’entrée.

Avec les capacités d’analyse actuelles, un grand volume de données n’est plus un problème. Au contraire, la justesse de l’analyse sera améliorée si vous avez des données historiques.

Analyser

La phase 3 est celle qui vous aidera à satisfaire les autorités règlementaires, les exigences extrêmes de qualité et les aficionados des nombres. Sans oublier vos biais et la différence entre corrélation et causalité, vous allez analyser vos données pour les faire parler. Deux données peuvent être reliées sans avoir un lien de cause à effet. Tyler Vigen l’a montré avec, par exemple, le nombre d’apparitions de Nicholas Cage dans des films et le nombre de noyades en piscine, ou encore le taux de divorce dans le Maine et la consommation de margarine.

Est-ce que la température ambiante a un lien avec la longueur des pièces ou le temps de conversation ? Prenez le temps d’aller au-delà de la corrélation et cherchez le lien de causalité dans vos données.

Innover/Améliorer

Fort de votre analyse, vous pourrez ensuite améliorer (phase 4), en vous appuyant sur des données probantes. C’est à cette étape que vous décidez des solutions et que vous les mettez en place.

Contrôler

Enfin, la phase 5 consiste à contrôler, de préférence en continu, les résultats. Vous confirmez ainsi que vos hypothèses étaient justes. Surtout, vous vous appuyez sur les données et analyses pour prévoir quand le processus commence à dévier et risque de produire des produits ou services non acceptables.

Et voilà, c’est le temps de passer à un autre chantier Six Sigma. Compte tenu de la collecte de données et de l’analyse, il faut compter entre six et dix-huit mois pour réaliser un tel projet. Nous sommes loin d’un gain rapide, mais c’est un gain qui va durer dans le temps.