Dans un précédent article, je décrivais les trois niveaux de motivation. Si les deux premiers (survie et extrinsèque) sont présents en tout temps chez tout le monde, ce n’est pas le cas de la motivation intrinsèque. Cette dernière est plus difficile à aller chercher, mais elle donne des résultats spectaculaires. Voyons les trois éléments que vous devez mettre en place.
La motivation intrinsèque s’appuie, d’après Dan Pink, sur trois piliers : l’autonomie, la maitrise et l’intention. Mais comment rendre les équipes plus autonomes et compétentes ? De quel intention parle-t-on ? Je vous détaille comment créer un environnement propice pour développer cette motivation.
Autonomie ou indépendance ?
Il faut tout d’abord distinguer l’autonomie de l’indépendance. L’indépendance est égocentrique : j’agis seule, pour moi. Alors que l’autonomie implique d’agir selon son propre choix, et peut se faire dans un cadre.
L’exemple le plus simple est celui des enfants. En effet, ils commencent par développer leur autonomie, comme s’habiller seul. C’est bien plus tard qu’ils deviennent indépendants : ils partent vivre seuls, sans le soutien de leurs parents. L’autonomie se développe d’ailleurs rapidement dans la petite enfance (0-6 ans). Puis avec la scolarisation, l’éducation renverse parfois le développement de l’autonomie. L’enfant avait une motivation intrinsèque forte pour d’apprendre de nouvelles choses, la période des « Pourquoi? ». L’école, et plus tard, l’entreprise; les notes, les récompenses transforment cette motivation intrinsèque en motivation extrinsèque. L’enfant veut alors avoir une bonne note pour obtenir un cadeau, un privilège.
Finalement, l’objet de mon intérêt passe hors de mon contrôle : est-ce en mathématiques ou en histoire que je dois ramener une bonne note ? La motivation intrinsèque est devenue extrinsèque
Donner de l’autonomie
Du point de vue professionnel, l’autonomie se développe dans quatre aspects : la Tâche, le Temps, la Technique et l’équipe (Team en anglais).
- Ai-je le choix des tâches à réaliser?
- Puis-je monter moi-même mon équipe de travail ?
- Suis-je contraint dans le temps alloué et surtout les moments dans lesquels je dois travailler ?
- Enfin, puis-je choisir ma méthode de travail, ma technique pour arriver au résultat ?
Plus vos équipes sont autonomes, C’est-à-dire qu’elles peuvent choisir librement chacun des 4 aspects de son travail, plus leur autonomie, et donc leur motivation intrinsèque se renforce.
J’entends déjà les critiques : Oui mais… ça marche pas, dans l’entreprise, je dois dire à mon équipe sur quoi travailler, et le délai…Sinon, ça va être n’importe quoi… Oui et non… En effet, si vos équipes connaissent votre mission, votre plan stratégique, vous pourriez avoir confiance en leur discernement et dans le choix des tâches et délais. C’est ce qui se passe dans les entreprises libérées.
Jusqu’où êtes-vous prêts à aller pour rendre vos équipes plus autonomes ? Et donc, plus motivées ?
Développer la maitrise
Peut-être une des clés de la confiance que vous accordez à votre équipe passe par la confiance que vous avez en elle et en leur compétence. Comment se développe la maitrise d’un domaine ou d’une technique ? Avec le temps, et la pratique. Une règle du pouce, en musique, dit qu’il faut 10 000 heures pour devenir un virtuose. C’est évidemment faux, mais cette règle montre qu’il faut y passer du temps. Si une personne souhaite devenir une experte, peu importent le temps et les efforts requis pour y arriver, car le flow, l’aidera à se rendre à destination.
Comme je le mentionnais dans un article au sujet de la motivation, la question est de savoir quel type d’objectifs on se fixe : performance ou apprentissage ? Si on veut revenir à la motivation intrinsèque et réduire l’impact des notes à l’école (ou dans les organisations), il importe de fixer des objectifs en lien avec la maitrise, les efforts, les apprentissages, plutôt que la performance. Par exemple, pouvoir expliquer à mon grand-père comment fonctionne l’intelligence artificielle, échanger avec une correspondante dans une autre langue, … Qui sont alors plus motivants que des notes d’examens.
Quel genre d’objectif fixez-vous à vos collaborateurs ? Et à vous même ? Est-ce en lien avec le résultat ou le chemin à parcourir pour atteindre ce résultat?
Trouver un sens à ses actions
Enfin, le sens de l’action posée peut devenir un puissant moteur de motivation. Par exemple, Blake Mycoskie a créé un modèle d’affaire dans lequel, pour chaque soulier vendu, il en offre un dans un pays en voie de développement. Ça donne tout un sens à votre travail de développeuse web ou de téléphoniste : vous contribuez à chausser des milliers de personnes défavorisées. Votre emploi est alors plus qu’un emploi, c’est une cause.
Quelle est la valeur que j’apporte, que je crée ? Souvent posée lors de crises existentielles, ou suite à des évènements difficiles, la réponse à cette question passe par le sens donné à l’action.
C’est d’ailleurs un trait qui ressort fortement dans la génération des milléniaux. Ils ont besoin d’être en accord avec les valeurs de l’entreprise pour laquelle ils travaillent.
À quoi vos équipes contribuent ? Voient-elles le sens de vos actions ? Quelle est la proposition de valeur que vous faites à vos clients, à vos employés ?